dimanche 10 juin 2007

Atelier d'écriture. Ecrire une Nouvelle à partir d'une phrase proposée

Ecriture d’une Nouvelle :
Consignes d'Anne :
''Prenez une distance par rapport à l’événement.
Choisissez une phrase, dans la liste proposée et continuez à écrire, suivez ce qui fait écho en vous : poursuivez l'histoire, affirmez l'ambiance, montrez le ou les personnages.
Durée : 1 heure. Le texte sera sans doute inachevé : Le but ici est de démarrer le récit, de préciser les contours du récit, des personnages...
Vous pouvez bien sûr continuer l'écriture de ce texte après ce premier travail d'une heure.


J'ai choisi la première phrase suivante :
Mademoiselle Annie Motleri entendit frapper à la porte et alla ouvrir.


Voici la Nouvelle :
Mademoiselle Annie Motleri entendit frapper à la porte et alla ouvrir. Un homme bien habillé, d’une soixantaine d’années, lui faisait face. Il tenait à la main une vieille petite valise noire, qu’il déposait sans attendre à ses pieds. Avec un fort accent parisien, il dit : ‘’Bonjour, suis-je bien chez Annie Motleri ?’’
Un peu surprise, elle répondit : ‘’Oui, pourquoi ?’’
A ces mots le regard de l’inconnu se troublait, ses mains semblaient remercier le ciel et il murmurait : ‘’Depuis le temps que je vous cherche…’’ Puis d’une voix plus assurée il entamait un long monologue : ‘’ Voila, si je ne me trompe pas, vous êtes ma sœur, ou plus exactement ma demi-sœur. Je suis Roland Motleri, né à Paris pendant la dernière guerre en 1944, l’année ou mon père a trouvé la mort en déportation. Ma mère sans ressource et sans famille s’est résignée à me placer à l’Assistance Publique. J’ai passé toute mon enfance dans des familles d’accueil, toutes soucieuses de mon éducation, mais parfois avares d’affection. Deux fois par an je recevais la visite de ma mère. Nos contacts ont gardé ce rythme jusqu’à mon adolescence, période où je vivais un deuxième drame avec sa disparition brutale.
Je perdais ainsi tout lien familial et à partir de ce moment là, grâce aux bribes d’informations que j’avais auparavant extirpé à ma mère, je n’ai jamais cessé de rechercher mes origines paternelles. J’ai ainsi appris que mon père Jean Motleri, avait eu d’un premier mariage une fille prénommée Annie et qu’à la séparation, Annie et sa maman étaient descendues dans le midi entre Nice et Marseille pour se rapprocher de la famille maternelle. Dans les années 70 et 80, après avoir suivi quelques pistes, j’ai un peu perdu l’espoir de vous retrouver, mais internet, m’a redonné la force de reprendre les recherches. Et après maints et maints efforts je crois être arrivé à ma sœur.’’
Au fil de cet exposé, les yeux d’Annie Motleri s’étaient à leur tour embués. Ce petit bout de femme au teint hâlé par le soleil et la brise marine de la Londe Les Maures, entre Hyères et Le Lavandou, s’était appuyée au chambranle de sa porte d’entrée. Elle restait bouche ouverte, comme si le temps s’était soudainement arrêté ou comme si elle rêvait éveillée. Après, un long silence, son regard s’illumina et se fut à son tour de parler :

‘’Oui, je suis Annie Motleri, fille de Jean Motleri et de Odette Motleri. Effectivement, mon père et ma mère se sont séparés en 1938 et j’avais cinq ans.
Je sais aussi que mon père s’était remarié et qu’à sa mort il avait un petit garçon, mais à cette époque où la guerre faisait rage, nous avions déjà quitté la capitale pour venir avec ma mère nous réfugier en Provence. Je n’ai donc malheureusement pas eu de contact avec cet enfant et sa maman. Je suis ravie de vous rencontrer. Merci, merci. Mon plus grand regret, c’est que ce soit si tard, car j’ai déjà soixante quatorze ans…Mais assez discuté sur le pas de la porte, entrez, nous allons poursuivre la conversation à l’intérieur.’’
A ces mots, Roland Motleri, fit un pas puis il s’approcha d’Annie et lui tendit sa petite valise noire qui contenait, au travers de photos et papiers officiels, tout le chemin parcouru pour arriver à elle. Il lui prit les mains, qu’il embrassa et serra très fort. La lourde porte d’entrée se refermait et dans cette nouvelle intimité, un frère et une sœur allaient ensemble retrouver un peu plus de leur identité.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Histoire surprenante , troublante tant cela semble vrai …C’est ça , le talent de l’écrivain …Bravo ! G. 74 ans .

Anonyme a dit…

Très bon début de roman!A quand le chapitre suivant de "LA VALISE NOIRE" ???